Il est né dans le velours. Mais avec les dents déjà aiguisées. Fils bâtard d’un duc et d’une servante violée, il n’a jamais connu la tendresse, seulement les restes. Et très tôt, il a compris que le pouvoir ne se mérite pas : il se prend. Il écoutait dans les couloirs, mémorisait les dettes, les vices, les secrets. À dix ans, il faisait chanter les intendants. À quinze, il avait un valet, une bague, et un rire qu’on ne savait jamais s’il était complice ou menaçant. Sa langue était son épée. Son ventre, une armure. Il n’a jamais eu besoin de courir ou de tuer. Il payait d’autres pour salir leurs mains. Quand il rencontra le roi, il ne s’agenouilla pas. Il offrit un vin rare, une plaisanterie acide, et un conseil qui coûta la tête d’un rival. Depuis, il siège près du trône. Et parfois, dans l’ombre, il murmure à l’oreille royale comme un serpent trop gras. Le Baron ne croit pas en l’honneur. Il croit aux dossiers bien gardés, aux alliances instables, et à la peur qu’il installe dans un simple regard. S’il devient Main du Roi, c’est sa justice qu’il applique. Et quand il pointe du doigt, la hache tombe. Mais attention : il ne pardonne ni l’échec… ni le ridicule.